Tchad : La gastronomie tchadienne ou le combat de Priscille Lopiamadji Mbaïwodji

3 يوليو 2023

Le Tchad regorge d’énormes richesses culinaires. Cette gastronomie riche et variée, demeure méconnue du grand public ainsi que des restaurateurs de la place. Aussi, l’art culinaire qui en découle reste-t-il très peu concrétisé et valorisé. Cette problématique d’actualité a attiré l’attention d’une professionnelle en hôtellerie et tourisme. Lopiamadji Mbaïwodji Priscille, c’est son nom. Portrait de celle qui fait de la promotion de l’art culinaire tchadien son cheval de bataille.

Née le 15 décembre 1983 à Moundou dans le Logone Occidental, dans la partie Sud du Tchad, Lopiamadji Mbaïwodji Priscille propose aujourd’hui à l’ensemble de la communauté touristique un large éventail de mets traditionnels.  De teint noir et d’une taille moyenne (1m 64), son sourire laisse un accueil d’espoir au premier contact. Connue plus dans le domaine gastronomique, l’originaire du Logone Occidental est une technicienne de formation en Tourisme Hôtellerie.

Engagée à promouvoir la gastronomie tchadienne dans sa diversité, Lopiamadji Mbaïwodji a pu concrétiser son rêve. Celui de faire voyager la cuisine tchadienne à l’échelle internationale.
Priscille Lopiamadji Mbaïwodji

 Après une Licence en Management des Entreprises, Hôtellerie et Tourisme à ESTHOC (Ecole supérieure du tourisme hôtellerie et commerce de N’Djamena), elle a créé en 2016 un restaurant dénommée « les saveurs de chez nous », où elle proposait à ses clients les plats exclusivement tchadiens. Elle essaie tant bien que mal de convaincre les restaurants à faire la promotion des plats tchadiens dans leurs menus journaliers.

 Ce choix fait de cette dame l’une des figures de l’art culinaire tchadien dont la passion a été nourrie dès le bas âge. « Moi j’ai une passion pour la cuisine de manière naturelle. Déjà dès le bas âge, ma mère payait les livres de cuisine qu’elle exploitait, par moment, c’est devenu un loisir pour moi », explique-t-elle.

Engagée à promouvoir la gastronomie tchadienne dans sa diversité, Lopiamadji Mbaïwodji a pu concrétiser son rêve. Celui de faire voyager la cuisine tchadienne à l’échelle internationale.

Aujourd’hui elle est inscrite au registre des artistes littéraires tchadiens grâce à son ouvrage intitulé « les saveurs de chez nous : 111 recettes de cuisine du Tchad », publié en 2015 aux éditions Sao.  A ce jour, elle demeure la seule femme littéraire de la gastronomie tchadienne, ayant produit un ouvrage largement riche en recettes gastronomiques.

Les débuts d’une carrière aux avenirs prometteurs

Engagée à promouvoir la gastronomie tchadienne dans sa diversité, Lopiamadji Mbaïwodji a pu concrétiser son rêve. Celui de faire voyager la cuisine tchadienne à l’échelle internationale.

Au départ de cette aventure, cette mère de deux enfants a été confrontée à des difficultés liées à la documentation de ses recherches sur les recettes culinaires tchadiens. Ce qui lui ont valu plus de motivation à s’intéresser aux recettes culinaires au Tchad. Comme elle le dit elle-même : « Il n'y avait aucune œuvre sur les recettes du Tchad. C’était entre 2006 et 2007, lorsque je préparais mon mémoire, je cherchais à consulter des œuvres sur l’art culinaire dans des bibliothèques de la place, mais je n’arrivais pas à trouver les informations relatives à mes recherches. Du coup, j’ai eu recours à Internet et je me suis rendu compte que c’est deux européennes qui se sont intéressés à la cuisine tchadienne. J’étais choquée ! ». Elle poursuit : « La question qui m’est arrivée à l’esprit : pourquoi un tchadien ou une tchadienne ne s’intéresse-t-il pas à sa cuisine ? Je me suis posée la question de savoir, si aujourd’hui, je rencontre ces difficultés et que je ne fais rien, quel serait le sort de la génération avenir ? ».

Une Passion affirmée

Grâce à sa détermination à faire promouvoir la cuisine tchadienne, elle a organisé, en 2022 un atelier de sensibilisation de masse à l’intention des restaurateurs et hôteliers. En ligne de mire : l’insertion des mets tchadiens aux menus des restaurants.

Engagée à promouvoir la gastronomie tchadienne dans sa diversité, Lopiamadji Mbaïwodji a pu concrétiser son rêve. Celui de faire voyager la cuisine tchadienne à l’échelle internationale.

Son dévouement ne s’arrête pas là. « Etant entrepreneure, il faudrait apporter des solutions à certains problèmes », affirme-t-elle. Ainsi, après la première parution de son recueil sur la cuisine tchadienne, Lopiamadji Mbaïwodji Priscille s’est intéressée aux habitudes alimentaires de ses concitoyens. Elle publie un autre recueil intitulé « les saveurs de chez nous :35 entrées à savourer dans un pays qui mange ». A travers cet ouvrage, elle essaie de rendre moderne la cuisine traditionnelle en classifiant les repas en entrées, plats de résistance et dessert tout en faisant preuve d’imagination et d’innovation. « Quand un étranger vient dans un restaurant au Tchad, il est très difficile pour lui de trouver un plat tchadien. Il y a des hôtels qui s’organisent de manière à avoir un buffet africain dans la semaine, parmi lequel l’on pourrait retrouver seulement un plat tchadien…Hélas ! », regrette-t-elle.

La promotrice des mets locaux lance un défi aux professionnels de la restauration qui, selon elle, ont le devoir de le relever. Au lieu de se limiter aux recettes d’ailleurs, ils doivent promouvoir la cuisine locale afin d’agrémenter le séjour des voyageurs qui choisissent le Tchad comme destination touristique.

 Dans la poursuite de son combat de promouvoir l’art culinaire de son pays, elle a organisé en fin mai 2023, le festival « les saveurs de chez nous ».  

Amoureuse de la couleur rose qui exprime, selon elle, son attachement au besoin de son prochain, elle se réserve de faire un choix sur les plats tchadiens. « Du moment où je me suis décidée d’être la promotrice de la gastronomie tchadienne, je n’ai pas de plat préféré. Je préfère tous les plats tchadiens et je les mets sur un pied d’égalité », s’exclame Lopiamadji Mbaïwodji Priscille.

Alhaji Bougar MAHAMAT HASSAN