Niger : que savons-nous du Bianou ?
Parmi les trésors socio-culturels et historiques du Niger, il y a la fête du Bianou. Cette fête à la fois culturelle et religieuse réunit non seulement les fils et filles de la ville d’Agadez mais aussi des participants d’autres pays. Célébrée chaque année depuis la nuit des temps, elle est aujourd’hui un outil de socialisation des Agadéziens.
La célébration de la fête du Bianou est à la base l’affaire des Agadéziens. Les Agadéziens sont des populations issues des brassages anciens entre Touareg, Haoussa et Songhaï. Ils célèbrent le Bianou de façon annuelle sous le patronage du Sultan, Oumarou Ibrahim Oumarou, à travers diverses activités. Le Sultan de l'Aïr, premier responsable et garant des mœurs et traditions du Sultanat de l’Aïr, dans l’organisation des festivités de cette fête est accompagné par deux groupes. Il s’agit du groupe Est nommé le Yan Gabass et le groupe Ouest, le Yan Yamma. Ces deux groupes se mettent à l’œuvre juste après la fête de tabaski pour l’organisation du Bianou. Ils sont connus pour leur compétitivité dans le battement des tambours.
« Bianou » est le nom de celui qui, à l’origine, organisait cette fête sous le patronage du Sultan. La fête du battement des tambours a ainsi hérité son nom.
Le Yan Gabass et le Yan Yamma sont présidés chacun par des Tambaris, qui sont des leaders des jeunes élus par les jeunes eux-mêmes avant de recevoir leur confirmation du Sultan de l’Aïr à travers l’acte du port du turban.
Ce sont donc ces Tambaris qui sont chargés de l’organisation du Bianou.
Les deux groupes de Tambaris sont assistés chacun par un Agholla et un Jirima dont le rôle est d’une part, d’assurer l’organisation effective de toutes les manifestations du Bianou et d’autre part, l’organisation et l’encadrement des joueurs de tambours et des danseurs.
Une fois que le programme des activités du Bianou est lancé, les deux groupes font des rencontres nocturnes au cours desquelles ils donnent une ambiance dans une rivalité dans l’art de jouer le tambour.
Aussi, pendant cette période, chacun des deux groupes prépare son équipe de danseurs. Les équipes sont choisies parmi les meilleurs danseurs et ce sont eux qui animent la ville d’Agadez par le rythme des mythiques instruments de musique comme le Akanzam et le Tambari ainsi que des danses et des chants.
L’organisation du Bianou suscite non seulement l’arrivée des touristes étrangers mais aussi le retour des ressortissants d’Agadez à la terre natale.
C’est le jour de la fête, 9e jour de Muharaam (premier mois de l’an musulman) que les deux groupes qui ont passé la nuit au village de Alarcès situé à 7km de la ville d’Agadez retournent au Sultanat. Là-bas, ils sont tous accueillis par la population, le Sultan et ses notables, mais aussi des personnalités de marque et des invités. Les deux groupes viennent leurs rendre hommage. Le lendemain ils se reposent, pour clôturer la fête le jour suivant en faisant des tournées dans les différents quartiers de la ville tout en souhaitant bonne fête à la population.
Mireille BAILLY depuis Agadez