Mali : des passionnés du numérique renforcent leurs capacités
Domaine en expansion mais peu connu du grand public, le vidéo mapping se développe peu à peu en Afrique. Passionnés par cet art, des amoureux du numérique du Mali et du Burkina Faso ont décidé d’aiguiser leurs connaissances à travers une formation de 3 semaines qui s’est déroulée à Bamako du 6 au 25 novembre 2023. La formation s’est déroulée grâce à l’appui technique et financier de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Cette formation en vidéo mapping a été initiée par une structure de production audiovisuelle Dark-face dans le but de former plus de jeunes dans cette pratique d’art qui commence à se répandre à travers le monde surtout en Afrique. « Le vidéo mapping est une pratique numérique qui consiste à projeter des vidéos sur des surfaces assez grandes. Une façon pour les artistes de s’exprimer sur des surfaces, des monuments, des symboles ou bien dans des lieux tels que des salles de concerts, des stades de sport ou des musées », a expliqué Aboubacar Bablé Draba, responsable de Dark-face.
De façon plus explicite, le vidéo mapping peut être résumé par le fait de projeter de la lumière sur des volumes statiques dans le but de créer une illusion optique, peut-on lire sur le site web mappingmotion.com.
Selon le réalisateur, artiste numérique, Aboubacar Bablé Draba, les participants à la formation ont été minutieusement choisis : « On a reçu une centaine de candidatures venant du Mali, du Burkina, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Togo. Les candidats ont été soumis à des tests pour s’assurer de leur aptitude intellectuelle surtout avant de procéder aux choix définitifs ». A l’issue du choix définitif, ce sont 16 Maliens venant de Bamako et de l’intérieur du pays en plus de 4 Burkinabè qui ont été retenus soit un total de 20 participants à la formation. La particularité des Burkinabè est qu’ils ont été sacrés champions des Jeux de la Francophonie en Création Numérique tenus du 28 juillet au 6 août 2023 à Kinshasa au Congo.
Avec une vingtaine d’apprenants, la formation a été scindée en plusieurs phases.
La première partie a été axée sur les designs D2, D3, le concept du vidéo mapping tandis qu’au cours de la seconde étape il y a eu la phase pratique qui s’est déroulée en individuel et collectif. « La formation a démarré par une initiation au mapping. Ensuite certains logiciels ont été expliqués afin de permettre aux apprenants de pouvoir les manipuler c’est-à-dire comment faire une photo, la traiter dans Adobde Illustrator et puis comment animer la création avec After Effect et enfin comment mapper les objets choisis », a développé Aboubacar Bablé Draba, l’un des formateurs.
Pendant l’initiation, les apprenants ont réalisé 20 œuvres individuelles et une œuvre collective. Les œuvres individuelles étaient au gré de chaque apprenant tandis que l’œuvre collective portait sur la SOTRAMA (Société des Transports du Mali) avec comme thème principal le « Mali ». « L’œuvre collective parle du Mali de 1960 à nos jours. Le mapping a été fait sur la SOTRAMA, une société de transport en commun. Et quel que soit le statut d’un citoyen malien surtout un habitant de Bamako, la capitale, il a une connaissance de ce que c’est que la SOTRAMA car beaucoup de personnes ont déjà emprunté ce moyen de transport en commun. A travers leurs projections, les artistes numériques nous ont fait remonter dans le temps en faisant défiler un peu l’histoire du Mali ».
En évoquant la valeur ajoutée de cette formation, le formateur Aboubacar Bablé Draba a affirmé que les apprenants sont sortis bien outillés après avoir renforcé leurs compétences : « Les apprenants sont déjà dans le domaine du multimédia. Ils ont besoin d’autres formes d’arts pour s’exprimer. Donc cette formation arrive à point nommé pour ces jeunes qui viennent de bien se ressourcer. »
Jacob Ouédraogo a apprécié l’initiative de la formation qui vient renforcer ses capacités après son triomphe aux Jeux de la Francophonie en Création Numérique. « L’art numérique est un métier noble. Au lieu d’utiliser les outils numériques pour se distraire voire se pervertir, je pense qu’il est préférable de l’utiliser à bon escient. Cela peut permettre à beaucoup de jeunes de sortir de leur situation d’oisiveté et de se trouver du travail », croit fermement Jacob Ouédraogo, jeune designer burkinabè.
Pour Kounady Cissé, participante à la formation, l’expérience a été belle. Raison pour laquelle elle s’est estimée chanceuse d’avoir pris part à cette formation. « Je compte continuer dans la pratique. Cela me permettra de garder la main surtout. En plus, je compte partager ma connaissance du domaine car peu de Maliens connaissent le vidéo mapping. J’encourage chacun à embrasser l’art numérique car chacun de nous a un côté artistique. Et le monde ne peut pas aller, de nos jours, sans l’art numérique. C’est un domaine qu’il faut embrasser », a déclaré la jeune malienne.
Alassane CISSOUMA