Tchad : Christ le ‘’Fou’’ ou la résilience d’un jeune diplômé sans emploi

16 فبراير 2024

Diplômé en Etude d’Impact Environnemental, Christ Ghislain Ramadji, après ses études au Cameroun, a déchanté après son retour au Tchad. Confronté à la problématique d’accès à l’emploi, il a décidé de mettre de côté son Master pour devenir vendeur ambulant de fruits. Un environnementaliste transformé en vendeur de fruits à la sauvette, c’est le portrait que vous propose Radio Jeunesse Sahel.

Orphelin de père et élevé par sa mère, Christ Ghislain Ramadji est formé, dès le bas-âges à trouver des solutions à tout obstacle qui se dresse sur son chemin.  « C’était en classe de CMI et CMII que je faisais de petits commerces pour payer mes frais scolaires et soutenir la maman », a-t-il confié. Après l’obtention de son baccalauréat en 2012, il s’inscrit à l’université de Moundou, la capitale économique du Tchad. L’orphelin de père y est sorti nanti d’une licence en Géographie. Manifestement ambitieux, le natif de Sarh (une ville du Sud du Tchad), s’adonne à la vacation et au préceptorat pendant quatre ans. Avec ses petites économies, le jeune bénéficie du soutien de sa maman et de son grand frère pour effectuer ses études à l’université Dschang au Cameroun où il a décroché son diplôme de Master.

« Le premier jour quand je suis sorti avec un plateau rempli d’oranges sur la tête » se souvient-il « les jeunes du quartier m’ont traité de koï »
Christ le ‘’Fou’’ avec un plat de fruits sur la tête dans les rues de N'Djamena

« J’avais l’espoir d’être embauché après mes études supérieures », avoua-t-il. Face à la problématique d’insertion socio-professionnelle, Christ, père de deux enfants dit avoir tout essayé. « Impassible d’avoir un simple stage », déplora-t-il.   

Las de dépendre des autres et pour faire face à ses charges familiales, Christ s’est tourné vers les activités génératrices de revenus. Il est convaincu que la réussite dépend de la volonté personnelle. Il commence par être plongeur dans un restaurant pour sept cent cinquante (750 FCFA) parfois mille francs (1000 FCFA) comme gain journalier, mais très vite il abandonne pour se lancer dans la vente de fruits. « Le premier jour quand je suis sorti avec un plateau rempli d’oranges sur la tête » se souvient-il « les jeunes du quartier m’ont traité de koï » (un vaurien, un non initié en jargon du Sud du Tchad). Malgré tout, la volonté et la détermination de s’occuper de sa famille ne le quitteront pas. Les critiques des uns et les moqueries des autres ne le feront pas vaciller. « Même mon épouse estimait que c’est une humiliation de voir son mari diplômé, porter un plateau sur la tête », ironise-t-il.

Vendre les fruits, Christ le Fou peut s’en satisfaire. Il arrive à faire chaque semaine un bénéfice d’au moins vingt (20 000) à trente mille francs (30 000 FCFA). À travers sa page Facebook dénommée « christ le fou », il a gagné la sympathie des médias et le regard du public a progressivement changé vis-à-vis de lui.

Avec un plateau d’oranges, Christ a pu faire des économies pour créer un restaurant appelé « les délices des chômeurs ». Pour ses clients majoritairement jeunes, Christ est devenu un modèle de réussite dans la résilience.  Pour lui, vendre des oranges n’est pas lié au genre.

                                      Alhadji Bougar MAHAMAT HASSAN