Mali : Kadia Diarra ou la dame au tournevis !

4 مارس 2024

Plutôt que d’aller dans la restauration que bon nombre de personnes lui auraient conseillée en tant que femme, Kadia Diarra a choisi d’embrasser un métier que les gens pensent être propre à l’homme. Il s’agit de celui de réparation de téléphones portables. Dans son atelier, situé à Kalabancoro-Bamako, la femme au foyer âgée de 41 ans dépanne des smartphones de toute marque. Elle a troqué ses ustensiles de cuisine au tournevis et autres matériels de réparation.

Dans l’exercice de leur profession, certaines femmes démontrent que les métiers sont universels.  C’est le cas de Kadia Diarra. Femme au foyer, Mme Diarra s’est spécialisée dans la réparation des téléphones portables. Dans son quartier résidentiel de Kalabancoro dans la capitale malienne, Bamako, celle qu’on appelle affectueusement ‘’Française’’ répare à longueur de journée des smartphones de toute marque dans son atelier.
Kadia Diarra dans son atelier de réparation de téléphones

Dans l’imaginaire populaire malien, la place de la femme se trouve au foyer voire dans la cuisine, surtout lorsque celle-ci n’est pas instruite. Pour certains, il existerait même une zone délimitée en ce qui concerne la profession à exercer par la gent féminine. Sauf que dans la pratique, la réalité est toute autre.

Dans l’exercice de leur profession, certaines femmes démontrent que les métiers sont universels.  C’est le cas de Kadia Diarra. Femme au foyer, Mme Diarra s’est spécialisée dans la réparation des téléphones portables. Dans son quartier résidentiel de Kalabancoro dans la capitale malienne, Bamako, celle qu’on appelle affectueusement ‘’Française’’ répare à longueur de journée des smartphones de toute marque dans son atelier.

Autodidacte dans le domaine, la ‘’Française’’ était, au départ, une revendeuse de téléphones. Une première activité professionnelle qui lui a valu ce surnom. « Par le passé, je faisais du porte-à-porte entre les services pour revendre les téléphones portables. Les marques que je vendais étaient de qualité supérieure que les clients assimilaient à la marque française et taxaient celles des autres de pacotilles. Finalement tout le monde m’appelait Français, Français, en référence à la marque française », a expliqué Kadia Diarra qui a décidé ensuite de monter d’un cran dans le domaine en passant de simple revendeuse à réparatrice-revendeuse. « Après quelques années à revendre de façon ambulante, je me suis acheté des matériels de dépannage pour commencer à réparer avant d’ouvrir mon atelier de réparation. J’ai commencé en tant qu’autodidacte avant de suivre une formation proprement dite en électronique pour améliorer mon niveau. En fait, j’ai toujours été curieuse, audacieuse et perspicace », a-t-elle fait savoir pour justifier son goût pour la profession.

Alors que bon nombre de personnes lui auraient conseillé la restauration ou autres métiers à connotation féminine, Kadia Diarra qu’on surnomme également en famille ‘’Ténin’’ Diarra (Ténin signifie tante en langue bamanakan) révèle qu’elle a toujours été attirée par les métiers dits d’hommes. « J’ai toujours aimé pratiquer les activités en général menées par les hommes. La vente ambulante en est une illustration. »

Dans la pratique, ‘’Ténin’’ Diarra dit ne pas se contenter simplement de rechanger les batteries ou les écrans des téléphones. Elle fait, en revanche, savoir qu’elle réalise un vrai travail approfondi allant jusqu’à dépiécer les appareils. « J’ai des appareils de diagnostics que j’utilise pour détecter certains défauts. Une fois la panne détectée, je démonte le téléphone, si nécessaire, pour le réparer », a-t-elle expliqué.

Dans l’exercice de leur profession, certaines femmes démontrent que les métiers sont universels.  C’est le cas de Kadia Diarra. Femme au foyer, Mme Diarra s’est spécialisée dans la réparation des téléphones portables. Dans son quartier résidentiel de Kalabancoro dans la capitale malienne, Bamako, celle qu’on appelle affectueusement ‘’Française’’ répare à longueur de journée des smartphones de toute marque dans son atelier.
Kadia Diarra en plein dépannage d'un téléphone

En véritable cheffe d’entreprise, Kadia Diarra avoue qu’elle tire profit de son métier à travers lequel elle emploie d’autres personnes. « Je gagne bien de ce métier de réparation de téléphones. J’ai des enfants dont je supporte certaines charges grâce à ce travail et j’emploie aussi 4 apprentis qui sont également des responsables de familles. Avant ces 4 apprentis, j’ai eu à former près d’une dizaine qui travaillent actuellement à leur propre compte ».

Mme Diarra ambitionne étendre ses services à un plus grand nombre de clients. Pour cela, elle a exprimé le besoin d’acquérir d’autres matériels de travail : « Je me débrouille avec les appareils de diagnostic indispensables. Mais il me manque encore des appareils de diagnostics très sophistiqués. Face à certaines pannes graves, il m’arrive de solliciter le service d’autres personnes pour pourvoir déterminer avec précision la défectuosité de l’appareil à réparer notamment une loupe détective, un appareil de chauffage pour permettre de décoller facilement certaines pièces et poser d’autres sans difficultés. »

En plus de son métier de réparation, Ténin Diarra continue de revendre des téléphones portables ainsi que leurs accessoires dans son atelier.

Femme au foyer, elle affirme bénéficier du soutien de son mari qui l’assiste. « Mon mari voit d’un très bon œil mon métier. Il m’encourage beaucoup dans mon travail », conclut-elle.

Alassane CISSOUMA