Port du casque au Mali : Un faible taux de 8% sur environ 800 000 motocyclistes
Annoncé en grande pompe, le port obligatoire de casque par les motocyclistes maliens pour janvier 2023 peine à être effectif. Pourtant, l’Agence Nationale de la Sécurité Routière (ANASER) a tiré la sonnette d’alarme sur le risque encouru au regard du faible taux d’usagers utilisant le casque en circulation.
L’utilisation du casque par les motocyclistes entre dans le cadre du respect du code de la route. C’est l’article 27 dans son alinéa 1 qui l’exige. Alors que les usagers de la route sont, en majorité, des motocyclistes au Mali, le gouvernement avait jugé opportun d’imposer l’utilisation du casque depuis le 1er janvier 2023. Mais face à un tollé mettant en avant la vie chère, la question n’est plus d’actualité.
Pourtant, au-delà du respect du code de la route, le casque sauve aussi et surtout des vies car son utilisation, selon les spécialistes, permet de réduire le risque de décès de plus de six fois et les lésions cérébrales jusqu'à 74%. Les mêmes spécialistes affirment que les traumatismes crâniens sont la principale cause de décès chez les motocyclistes. Malgré le risque encouru, le taux du port du casque reste très faible au Mali avec 8% pour les conducteurs et un taux insignifiant pour les passagers de motos. Des chiffres alarmants annoncés par l’ANASER dans une récente évaluation publiée sur les quelques 800 000 motocyclistes. Toujours selon l’ANASER, « en 2022, on a recensé sur les routes du Mali 8 189 accidents, 8 297 blessés et 684 tués ».
L’agence sanitaire mondiale souligne que l'utilisation de casques de qualité dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire reste faible, même si le nombre de motos augmente rapidement. Et la même agence de préciser que les facteurs qui freinent l'utilisation du casque comprennent le manque de casques sûrs, de qualité et abordables, le manque de casques disponibles pour les enfants, la faiblesse de la répression par les forces de l'ordre et le temps chaud.
Mesurant l’ampleur du danger, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme. « Alors que les motos prolifèrent à un rythme étonnant, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire, une action urgente est nécessaire pour éviter une augmentation rapide des décès et des blessures dans les années à venir », a fait savoir Dr Matts-Ake Belin, Responsable mondial de la Décennie d'action des Nations Unies pour la sécurité routière 2021-2030 à l’OMS.
Alassane CISSOUMA