Culture : Bianou ou la promotion de la cohésion sociale au Niger
Du 26 au 29 juillet 2023 la ville d'Agadez, localité située au Nord du Niger, à plus de 910 km de la capitale, a vibré au rythme du Bianou. Bianou, fête culturelle et religieuse est commémorée chaque année par les Agadéziens (populations d’Agadez) pour se remémorer l’Hégire du prophète Mahomed. Elle se veut de promouvoir la paix et le vivre ensemble à travers plusieurs activités.
La capitale de l’Aïr était en fête du 26 au 29 juillet 2023. Des festivaliers autochtones et étrangers s’y sont réunis pour célébrer le Bianou. Bien au-delà de l’aspect religieux, le Bianou est désormais ancré dans la culture nigérienne. Par cette célébration, les Agadéziens, populations issues des brassages anciens entre Touareg, Haoussa et Songhaï revendiquent leur identité.
Selon Ousmane Bianou, un guide touristique de la région, le Bianou symbolise l’accueil que les habitants de Médine ont réservé au prophète Mohamed lors de son Hégire le 18 juin 622. Il coïncide avec l'Ashoura (la commémoration de l'accostage de l'Arche de Noé) et se poursuit jusqu'aux alentours du 10 du mois de Mouharram (premier mois de l'année lunaire musulmane, au cours duquel les Chiites commémorent le martyre de Hasan et de Husayn), a expliqué Abdoulaye Shaïbou dit Gagadi, un des guerriers danseurs encore appelé en langue haoussa les Dan Zaria.
Le Bianou un cadre de divertissement
Certains, vêtus en tenues typiques de soldats guerriers, d’autres en tenues traditionnelles, feuilles de dattiers en main, les festivaliers esquissent des pas de danse au son des tambours, des tam-tams pour accueillir les habitants autochtones de la ville d'Agadez répartis en deux groupes (Est et Ouest) accompagnés par des chameliers et des cavaliers, tous harnachés. Ils vont tout droit du village de Alarcès au sultanat de l’Aïr pour les salutations d’usage.
L’organisation de l’événement est présidée par le Sultan d'Agadez
El hadj Idrissa Tambari, un membre du comité de pilotage de l’organisation du Bianou se dit satisfait de la bonne marche des activités. « Le Bianou, c’est la seule fête au cours de laquelle on oublie nos soucis. Cette année je salue l’engagement de la jeunesse qui s’est fortement impliquée », se réjouit-il.
Cadre d’échanges, de divertissements et de retrouvailles, le Bianou est une tradition à pérenniser car selon les organisateurs il permet de cultiver la cohésion sociale.
Certains festivaliers sont venus d’autres localités pour vivre le Bianou. C’est le cas de Seydou Idé Salifou, venu de Niamey avec sa famille pour vivre l’événement. Pour lui, le Bianou est une fête à ne point rater. « A voir l’accoutrement des uns et des autres, c’est extraordinaire, c’est très joli », a-t-il exprimé. Abondant dans le même sens, Sabiou Souley se dit épaté par le style vestimentaire des festivaliers. Pour lui, c’est sa première fois de prendre part au Bianou et ses attentes sont comblées.
Diverses activités ont été inscrites au programme notamment le “maretchan ado” ou encore la soirée de beauté. Au cours de cette soirée les danseurs font leur apparition en tenues typiques. S'ensuivaient des veillées de prière en faveur de la paix.
Outre ces activités, il y a l’achoura ou encore jour de la parenté à plaisanterie. Lors de l’achoura, des cadeaux symboliques sont offerts aux cousins et aux grands-parents.
Mireille BAILLY depuis Agadez