Santé : Le paludisme chez la femme enceinte, une urgence médicale au Tchad

3 avril 2023

Toute forme de paludisme chez la femme enceinte est désormais considérée comme grave. La patiente doit être hospitalisée. C’est l’une des stratégies adoptées par le Ministère tchadien en charge de la Santé pour réduire les risques de décès chez les femmes en période de grossesse.

Maladie parasitaire due à un hématozoaire du genre plasmodium, le paludisme se transmet à l’Homme par un moustique, anophèle femelle infectée lors de son repas sanguin. Premier motif d’hospitalisation au Tchad, le paludisme demeure endémique et constitue la première cause de morbidité et de mortalité chez les sujets vulnérables notamment, la femme enceinte. D’après les manuels spécialisés, du paludisme simple au grave, les signes cliniques de cette maladie   s’identifient à travers la fièvre (supérieure à 38,5 degrés) pour les cas simples et (supérieure à 39 degrés) accompagnée d’un très mauvais état général ainsi que de l’anémie pour les cas graves.

Toute forme de paludisme chez la femme enceinte est désormais considérée comme grave. La patiente doit être hospitalisée. C’est l’une des stratégies adoptées par le Ministère tchadien en charge de la Santé pour réduire les risques de décès chez les femmes en période de grossesse.
docteur HASSAN Moussa, Médecin à la section de prise en charge du Programme National de Lutte contre le Paludisme au Tchad

A ces signes peuvent s’ajouter le trouble mental, la sidération, les douleurs articulaires, les maux de tête accompagnés de  douleurs abdominales. « Lorsque ces signes apparaissent chez la femme enceinte, cela pourra provoquer l’avortement, la menace d’accouchement prématuré, le saignement, l’ouverture de col de l’utérus ; et donc l’urgence médicale s’impose », explique docteur HASSAN Moussa, Médecin à la section de prise en charge du Programme National de Lutte contre le Paludisme au Tchad.

« La prise en charge de cette maladie chez la femme enceinte se fait selon les formes de la gravité et les différents stades de la grossesse », souligne-t-il. Au premier trimestre, la femme enceinte atteinte du paludisme simple prendra par exemple de la quinine en comprimé par voie orale ; tandis que les cas de paludisme grave se traitent de façon plus suivie du premier au troisième trimestre. Certains traitements sont déconseillés au premier trimestre de la grossesse, car ils peuvent provoquer la malformation du fœtus. Au deuxième trimestre, la femme enceinte est soumise à un traitement préventif, précise docteur HASSAN Moussa.                  

Eviter le pire par la prévention

Selon l’enquête sur le paludisme au Tchad réalisée par le Programme National de Lutte contre cette maladie en 2017, la prévalence est de 40,9% sur l’étendue du territoire. La femme enceinte étant déjà fragile, prise en charge fait partie des priorités.

Pour docteur HASSAN Moussa, la prévention du paludisme doit passer par la prise de conscience collective. Il estime qu’il faut prendre en compte les trois facteurs qui sont l’Homme, les moustiques et les parasites. « L’Homme doit prendre le paludisme pour une maladie mortelle. La femme enceinte doit adopter un comportement qui la prive de tout contact direct avec les moustiques. Elle doit éviter les endroits exposés par l’élimination des ordures, des caniveaux qui constituent le foyer des moustiques », conseille le médecin.

Toute forme de paludisme chez la femme enceinte est désormais considérée comme grave. La patiente doit être hospitalisée. C’est l’une des stratégies adoptées par le Ministère tchadien en charge de la Santé pour réduire les risques de décès chez les femmes en période de grossesse.

Une autre pratique à proscrire, c’est l’automédication, selon HASSAN Moussa. Elle pourrait encourager la densité parasitaire. Chez une femme enceinte, affirme-t-il, cela pourrait non seulement développer le parasite mais aussi provoquer les interactions médicamenteuses. La fréquentation régulière des services de santé lors de grossesse s’impose à la femme car, avec plus de quatre cents espèces d’anophèles qui partagent notre espace de vie, seule la prévention sur prescription médicale pourrait être efficace.

Alhadji Bougar MAHAMAT HASSAN