Mali : 1 à 5 ans d’emprisonnement pour une mauvaise utilisation des réseaux sociaux

14 avril 2023

Dans l’agenda quotidien de la majorité des Maliens, les réseaux sociaux occupent une place de choix avec un temps de consommation estimé à 5 heures par jour, selon l’Internet Society (ISOC-Mali).  Devenus accros à ces réseaux, les jeunes en font une utilisation parfois malsaine.

En cette ère du numérique où le monde est désormais interconnecté, les réseaux sociaux font partie du quotidien d’un grand nombre de Maliens.

Constituant la frange la plus importante de la population (près de 80%), la jeunesse est la tranche d’âge la plus friande de ces nouveaux moyens de communication et d’interactivités sociales. Selon les résultats d’un sondage de l’Internet Society (ISOC-Mali) datant de mars 2021, plus de 81% d’utilisateurs des réseaux sociaux au Mali ont entre 18 et 40 ans tandis que les plus de 40 ans représentent seulement 5,21%.

Avec une jeunesse accro à l’Internet pour des échanges virtuels avec le monde extérieur pour environ 5 heures par jour, toujours selon le même rapport, il convient de s’interroger sur l’utilisation faite de ces réseaux par les jeunes du Mali. On distingue deux groupes d’utilisateurs d’Internet.

Si le premier groupe en fait une utilisation à des fins utiles, le second y voit plutôt un moyen de divertissement voire un espace de toutes les dérives. « Il y a deux catégories d’utilisateurs des réseaux sociaux au Mali. Il y a une certaine catégorie de personnes qui les utilisent à bon escient. Ce sont ceux qui ont des fora de discussions où ils se partagent les idées sans oublier ceux qui font également le commerce en ligne. Pour cette catégorie d’utilisateurs les réseaux sociaux sont devenus des moyens efficaces pour écouler facilement leurs produits. Il y en a qui jouent le rôle de commissionnaires en ligne moyennant des bénéfices sur les produits des grands commerçants. Également, certains utilisateurs en ont fait un canal de plaidoyer. C’est le cas par exemple de l’Association des Blogueurs du Mali. Il arrive des fois que ces plaidoyers aboutissent à un changement de lois sur certains sujets. A l’’inverse de cette catégorie d’utilisateurs, il y a une autre qui ne l’utilise pas à bon escient. Elle se livre à des injures, calomnies ou à propager des fausses informations ou des messages d’incitation à la haine voire à la violence », a détaillé Abdoulaye Guindo, président de Doniblog (Association des Blogueurs professionnels et d’Activistes web du Mali).

Pour Abdoulaye Guindo, l’utilisation non responsable des réseaux sociaux relève parfois de la méconnaissance de leurs avantages. « A mon avis, cela est plutôt dû à un manque de formation sur l’utilité de ces moyens de communication ou bien ces personnes le font exprès pour assouvir un désir », regrette-t-il.

Avec une jeunesse accro à l’Internet pour des échanges virtuels avec le monde extérieur pour environ 5 heures par jour, toujours selon le même rapport, il convient de s’interroger sur l’utilisation faite de ces réseaux par les jeunes du Mali. On distingue deux groupes d’utilisateurs d’Internet.
Abdoulaye Guindo, président de Doniblog

Jadis fréquents, les écarts de langages se font rares présentement sur les réseaux sociaux au Mali. Cela, depuis la création de la loi sur la cybercriminalité qui prévoit des peines d’emprisonnement d’un (01) à cinq (05) ans et des amendes allant jusqu’à cinq millions (5 000 000) de F CFA.

Si les écarts de conduites ont diminué sous la crainte de la sanction, il reste, toutefois, un phénomène à éradiquer qui échappe un peu à la loi. « Avec l’avènement de la loi sur la cybercriminalité, l’on note une diminution d’écarts de conduite et de langage chez un grand nombre de jeunes utilisateurs qui étaient jadis virulents. Mais le combat reste toujours au niveau de la lutte contre la désinformation et la diffusion d’images sorties de leur contexte », a fait savoir Abdoulaye Guindo, patron de Doniblog dont l’une des missions est la sensibilisation constante et permanente notamment auprès des jeunes sur l’importance du blog et des réseaux sociaux à travers leur utilisation citoyenne et responsable.

Abdoulaye Guindo estime que les réseaux sociaux sont un couteau à double tranchant : « Il y a le côté positif et le côté négatif. Ce côté positif, c’est ce que l’on devrait chercher à connaitre, à développer et en tirer profit ».  

 

Alassane CISSOUMA