Mali : Ousmane ou la boulangerie mobile
Pâtissier de formation, avec son tricycle sur lequel il a aménagé un four, Ousmane Memkoro Touré se déplace d’un endroit à l’autre, à la rencontre de la population. Venu de la France, initialement, pour un projet de développement rural, il travaille désormais et ce, depuis 13 ans à révolutionner le domaine de la boulangerie. Son engagement à innover le secteur de la pâtisserie au Mali et à casser les codes rythme son quotidien.
Les boulangeries et pâtisseries dans la capitale malienne sont perceptibles partout. Face à la concurrence de plus en plus exigeante et la cherté de la vie, Ousmane Memkoro Touré, franco-malien, opte pour l’innovation.
À bord de son tricycle qu’il a baptisé « sans complexe », il a incorporé un four alimenté par du bois. Plus qu’une opération de vente de produits, il se livre à une campagne de sensibilisation autour de toutes les possibilités de productions qu’offre la farine de blé, mais aussi avec la farine locale : « Être mobile me permet d’avoir la visibilité, le contact avec les gens. La diversité des quartiers est un plus pour mener à bien mon activité. Aussi, cela me permet d’éviter de payer un loyer, ce qui n’est pas du tout négligeable », explique-t-il.
Sous les yeux de passants et clients curieux, il s’attèle à fabriquer du pain et des viennoiseries. Il met un accent particulier à valoriser les farines locales. Il propose à ses clients des produits à base de farine de mil, de sorgho, de manioc, d’arachide mixée avec du blé. Selon lui, la clientèle est très étonnée de consommer du pain ou des viennoiseries avec la farine locale, que soit des Maliens ou d’autres nationalités
Parqué à A.C.I 2000 un quartier très fréquenté de Bamako où nous l’avons rencontré, il attire la curiosité. Certains clients lui vouent une certaine admiration. C’est le cas de Moussa Keita, un client venu se procurer du pain : « je suis venu m’acheter un sandwich, c’est vraiment très bon. Je découvre pour la première fois le ‘’sans complexe’’ (en parlant du tricycle). Je vais très certainement revenir. Avec 500 CFA je peux manger et comme je conduis une moto-taxi cela m’arrange beaucoup ».
Selon Ousmane Memkoro, son activité lui permet de vivre décemment et de s’occuper de sa famille.
Exerçant dans ce domaine depuis plus d’une dizaine d’années, il a formé une quinzaine de jeunes au métier de pâtisserie et même de la cuisine puisqu’il ne fait pas que du pain et des viennoiseries. « La transmission aux jeunes avec lesquels je travaille est sur le tas, la plupart du temps la main dans la pâte. Mon objectif est de prendre des jeunes et leur transmettre des compétences. En plus de faire du pain, il y a beaucoup à faire également en termes de restauration », explique Ousmane Memkoro Touré. « Nous sommes souvent sollicités pour les cérémonies de mariage, d’anniversaires ou même par une entreprise pour quelques heures de préparations de pizzas, hamburger, méchoui, sandwich et hot-dog et d’autres produits selon la demande » a-t-il poursuivi.
« Je travaille avec Ousmane Memkoro depuis deux ans. Au début, je ne connaissais rien dans la pâtisserie, je suis informaticienne de formation. J’étais à la recherche d’un emploi lorsque nos chemins se sont croisés. Il a su me former et m’a permis d’avoir plusieurs compétences. Aujourd’hui, je sais faire par moi-même, en plus du pain, la brioche, les pizzas et beaucoup d’autres choses », témoigne Téninké Condé, assistante d’Ousmane Memkoro Touré. Elle trouve que le concept de Boulangerie mobile est très innovant, car cela leur a permis d’être plus rapidement connu. Cependant, elle n’envisage pas reproduire la même chose. Mais elle rêve plutôt ouvrir, un jour, un restaurant fixe et former à son tour d’autres jeunes.
Bintou DIABATÉ