Entrepreneuriat des jeunes au Mali : pour entreprendre il faut être « audacieux, rigoureux, honnêtes et sincères »

Dans un contexte difficile d’employabilité marqué par un faible taux de recrutement dans la Fonction Publique, la jeunesse malienne se tourne vers l’entrepreneuriat pour tenter de tirer son épingle du jeu. Pour bon nombre de jeunes, cette nouvelle orientation ne rencontre pas les attentes espérées en raison de nombreux aléas qui se révèlent fatals pour leurs ambitions et leurs entreprises.

Ils sont nombreux les jeunes Maliens à se lancer dans des projets avec quelques fois de fortes sommes d’argent qui se volatilisent et beaucoup de temps perdu.

En effet, au-delà des effets de fléaux imprévisibles tels que les récentes crises relatives à l’épidémie de Covid-19, l’inflation mondiale en cours, etc., il ressort que l’échec des jeunes Maliens à entreprendre tient sa source à de nombreuses erreurs de débutant pourtant bien évitables selon des chefs d’entreprises.

Le Président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), Mossadeck Bally, explique qu’être entrepreneur n’est pas facile et que l’entrepreneuriat n’est pas fait pour tout le monde.  S’adressant aux futurs entrepreneurs, il prévient que l’on ne doit pas être entrepreneur par défaut, par effet de mode ou en copiant quelqu’un d’autre.

Pour le patron du CNPM, le travail préalable avant d’entreprendre consiste à faire son introspection en se disant « je vais bien faire ce parcours, je me sens capable ou ce n’est pas fait pour moi ». Après cette introspection, Mossadeck ajoute que le futur entrepreneur doit ensuite avoir une vision claire pour son projet et bien cibler le domaine dans lequel il compte évoluer.

Du constat d’un grand nombre de chefs d’entreprises, il ressort que les jeunes entrepreneurs échouent généralement en raison de leur manque de vision, de patience et de conviction pour leur projet. « Le raccourci dans l’entrepreneuriat n’a pas d’avenir. Il faut de la patience et beaucoup d’abnégation », a fait savoir Bakary Camara, ex-président du Réseau de l’Entreprise en Afrique de l’Ouest (REAO – Mali).

Abondant dans le même sens, Ibrahima Diawara déplore l’impatience des jeunes. « Les jeunes sont trop pressés. Ils veulent tout et tout de suite. On ne peut pas tout avoir en un clin d’œil. Si on est trop pressé souvent on passe à côté », a fait savoir ce chef d’entreprise, propriétaire de plusieurs usines au Mali.

Pour éviter certaines erreurs, l’un des géants du BTP et de l’agro-alimentaire au Mali, Ibrahima Diawara, a exhorté les jeunes désireux d’entreprendre, à être « audacieux, rigoureux, honnêtes et sincères ». « Audacieux surtout car la chance est vraie, mais le travail n’est pas faux », a-t-il conclu.

Alassane CISSOUMA