Aide-ménagères : employée ou machine à tout faire ?
Au Mali, on les surnomme ‘’les 52’’. Ce sobriquet fait référence aux 52 semaines de l’année. En somme, c’est un surnom qui renvoie à la corvée quotidienne des aide-ménagères durant toute l’année sans jour de repos encore moins de congés pour la plupart. Premières à se lever pour les travaux domestiques surtout ménagers, celles qui sont également appelées ‘’les bonnes (bonne à tout faire)’’ sont généralement les dernières à se coucher après toute la maisonnée. Cela, en raison de l’énormité des tâches à effectuer. Le tout, pour un salaire nettement inférieur au SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti).
A Bamako, il est difficile de trouver une famille où, au moins, une aide-ménagère n’est pas engagée. Ce qui démontre l’importance du rôle qu’elles jouent. Pour la plupart de ces ‘’52’’, les travaux consistent au balayage quotidien de la cour, à l’entretien des chambres et toilettes, à l’entretien des enfants avant leur départ à l’école, au babysitting, à la lessive ainsi qu’aux autres travaux ménagers. Dans certaines familles dites nombreuses, ces différentes tâches sont reparties entre 2 à 3 aide-ménagères. Toute cette corvée, pour un salaire mensuel qui varie entre 10 000, 15 000 et rarement 20 000 F CFA selon des contrats verbaux entre employée et employeuse (la plupart des aide-ménagères sont engagées par les épouses mais payées par leurs époux).
Ce salaire est nettement en deçà du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) au Mali qui s’élève à environ 45 000 F CFA.
Faute d’autres alternatives dans les villages, après les travaux champêtres, les bras valides affluent vers les grandes villes du pays à la recherche du travail pour pouvoir subvenir à certains besoins. Pour la majorité de ces filles, il s’agit de réaliser des économies afin de s’acheter des trousseaux de mariage. Mais pour d’autres, il s’agit de répondre aux besoins de la famille.
Pour améliorer les conditions de travail de ces filles, certaines associations leur viennent en aide. C’est le cas de l’ONG Appui à la Promotion des Aides Familiales et à l’Enfance (Apafe/Muso Danbé). Cela, en raison de sa démarche sans contrepartie contrairement à d’autres qui prélèvent le ¼ du salaire payé aux ‘’52’’.
En ramenant le salaire au SMIG, d’aucun estiment que le travail des ‘’52’’ peut prendre une autre dimension et n’attirera plus que les ‘’villageoises’’. Car, justifient-ils, avec une telle rémunération, même des citadines seront tentées par ce travail.
Pour l’association Apafe/Muso Danbé, le combat pour de meilleures conditions de vie et de travail consiste également à mettre fin au départ massif de ces bras valides vers les grandes villes et à lutter contre le travail des enfants. « On s’appuie sur les textes nationaux et ceux de l’Organisation International du Travail (OIT) qui disent que leurs âges doivent être compris entre 15 à 36 ans voire plus. Aussi, nous travaillons avec une cinquantaine de grands logeurs, à travers Bamako, dans le cadre de la lutte contre l’exode rural… », a conclu le Coordinateur technique, Siaka Diarra.
Alassane CISSOUMA