Agadez : Boubacar ou le jeune bijoutier qui force l’admiration

30 octobre 2023

Dans la capitale de l’Aïr, précisément au village artisanal, des artisans bijoutiers à la vue des visiteurs, les invitent à admirer et à acheter leurs productions. Dans leurs stands, ces artisans exposent des bijoux faits à partir de divers métaux. Depuis un certain temps, le marché est devenu morose et ne permet plus aux jeunes de vivre pleinement de leur art. Dans le stand de Boubacar Hamadan, les clients ne se bousculent pas.

Boubacar Hamadan confectionne des boucles d’oreille, des chaines, des bagues et des colliers. Pour y arriver, il utilise divers outils : marteaux, limes, chalumeau, etc.
Boubacar Hamadan, artisan bijoutier

L’air timide, mais plutôt accueillant, Boubacar Hamadan, sourire aux lèvres, nous accueille dans son stand.

Chalumeau en main, l’artisan bijoutier, un jeune touareg né en 1988 à Agadez, faisait fondre une pièce d’argent pour fabriquer une bague. Son savoir-faire, il confie l’avoir hérité de son géniteur. « Je regardais toujours mon père travailler.  Alors, après les classes il me montrait comment je devais m’y prendre pour réaliser de belles parures », a-t-il relaté. A en croire Boubacar, les exercices qu’il menait avec son père ont nourri en lui l’amour du métier de la bijouterie.

Boubacar Hamadan confectionne des boucles d’oreille, des chaines, des bagues et des colliers. Pour y arriver, il utilise divers outils : marteaux, limes, chalumeau, etc.

La vie n’a pas fait de cadeau au jeune Boubacar. Son parcours scolaire s’est arrêté en classe de CM1 faute de moyens financiers. « Au CM1 j’étais obligé d’abandonner les bancs parce que mes parents n’avaient pas assez d’argent pour que je puisse continuer. Chacun doit lutter pour devenir ce qu’il veut être », a raconté avec tristesse le jeune homme. Il ne se laissa pas pour autant décourager. Il participera plus tard à une formation organisée par le village artisanal. Cette formation va constituer un tournant décisif dans sa vie. « J’ai été retenu parmi les meilleurs alors j’ai bénéficié d’un stand pour exercer ce métier qui me passionne tant » se réjouit-il. Il ajouta que le travail lui plait beaucoup parce qu’il arrive à s’occuper de sa famille avec les revenus que cela lui procure.

Boubacar Hamadan confectionne des boucles d’oreille, des chaines, des bagues et des colliers. Pour y arriver, il utilise divers outils : marteaux, limes, chalumeau, etc.

Boubacar Hamadan confectionne des boucles d’oreille, des chaines, des bagues et des colliers. Pour y arriver, il utilise divers outils : marteaux, limes, chalumeau, etc. Un des plus grands rêves qu’il nourrit, c’est de voir, un jour son atelier s’agrandir. Pour lui la bijouterie est un art qui nourrit très bien son homme lorsque les créations sont très bien finalisées, mais pour y arriver il faut plus de moyens. « Je demande à qui peut, de m’aider à disposer d’un plus grand atelier avec plus d’outils pour que je puisse employer plus de jeunes afin qu’ensemble on puisse réduire un tant soit peu le taux élevé du chômage », a-t-il plaidé.  

Hamadan travaille avec des matières premières comme l’argent, le bronze et le Nikel. Les prix de ses créations varient entre 3000 FCFA et 100 000 FCFA. Tout dépend du modèle souhaité par le client.

 

Avec la situation sécuritaire il est devenu très difficile de se procurer la matière première, notamment les métaux. Cette situation a des répercussions sur l’activité touristique.  « Les touristes qui venaient beaucoup ne viennent plus alors qu’ils étaient ceux-là qui payaient nos œuvres pour aller les revendre », se désole le jeune bijoutier.  

Sa prière est que la paix revienne dans le pays et dans la sous-région afin qu’il puisse mieux vivre des fruits de son art.  

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Mireille BAILLY