Flambée des prix des produits alimentaires au Tchad : vivement une Brigade de contrôle des prix
Les prix des produits de première nécessité connaissent une augmentation considérable au Tchad, depuis quelques temps. Ils sont passés du simple au double sur les marchés, laissant les ménages dans une situation intenable.
En ville comme en campagne, des ménages tchadiens broient du noir. Les prix des céréales très prisées des consommateurs cassent le moral des ménagères. C’est l’angoisse de tous les jours. Beaucoup d’entre elles passent des heures au marché dans l’espoir d’avoir l’occasion de s’offrir une quantité de produits alimentaires à un prix abordable. Mais elles rentrent avec des paniers à moitié vide. Cette flambée n’est nullement liée à la rareté des produits sur les marchés car les magasins sont remplis de sacs de céréales.
Le riz, cet aliment le plus consommé dans les menages tchadiens est d’un prix exorbitant. Il est vendu soit en gros (sac de 100 kilogrammes), soit en détail (en tasse appelé coro, une unité de mesure locale). Mahamat Moussa, père de famille résidant à N'Djaména, se dit touché par la cherté du riz. « Débourser deux mille francs CFA pour acheter un coro de riz serait une chose incertaine. Déjà le paludisme et la fièvre typhoïde affaiblissent les économies des ménages, il est très difficile de manger à sa faim », se lamente-t-il.
Dans les zones de production au Tchad, le sac du riz de 100 kilogrammes qui s'achetait à 40 mille francs en période de récolte, coûte aujourd'hui 50 mille francs. Le prix doit augmenter à N’Djamena à cause du transport. Pour les commerçants conscients de cette flambée, le renchérissement que dénoncent souvent les clients n’engage pas leur responsabilité. « Nous n'avons pas augmenté le prix du riz. C’est depuis Laï (ville productrice du riz) que les choses ont grimpé ainsi. Et le transport de cette denrée vers N'Djamena nous coûte énormément », justifie Abderahim, commerçant grossiste au marché Ndombolo au quartier Paris Congo dans le sixième Arrondissement de N'Djamena. Dans le même marché, une jeune femme de trente ans révolus a débroussé 75 mille francs pour acheter un sac de riz de 100 kilogrammes qu’elle compte revendre en détail. En plus de cette somme considérable, elle doit dépenser pour le transport. « Si je paye trois mille francs pour le transport, comment pourrai-je m’en sortir ? », s’emporte-t-elle devant les transporteurs. Selon cette vendeuse, si elle revendait le Coro à plus de 1500 francs, les clients ne pourraient se l’offrir.
Les céréales telles que maïs et mil rouge, connaissent également une hausse de prix. Dans la partie Sud du pays, les sacs de ces denrées qui s’achètent en période de récolte à 10 mille francs, sont vendus entre 40 et 45 mille francs l’unité.
En plus des produits alimentaires, d’autres produits sont touchés par cette flambée des prix. Par exemple, une paire de piles qui se vendait à 250 francs, il y a quelques temps, se vend actuellement à 400 francs. L’allure de cette cherté de la vie tend ainsi, à se généraliser. Une situation qui inquiète les acteurs de la société civile.
L’Association de Défense des Droits du Consommateur (ADC) dénonce la mauvaise foi des commerçants, qui, chaque année évoquent l’impraticabilité des routes pour justifier la hausse des prix des produits sur les marchés. Pour cette association, la libéralisation des échanges commerciaux s’impose. Yaya Sidjim, chargé des Droits et Intérêts Economiques de l’ADC appelle le gouvernement tchadien à mettre en place une Brigade de Contrôle Économique, dans l’optique de mettre en garde les commerçants véreux.
Alhadji Bougar Mahamat Hassan