Football féminin : « Mon objectif est de réaliser un parcours inoubliable avec l’équipe nationale du Mali »

24 novembre 2023

Etudiante, Aïssata Traoré est également joueuse de football. L’attaquante de l’équipe nationale féminine du Mali mène actuellement une carrière professionnelle dans le club français de Guingamp. Après avoir bravé les préjugés pour réaliser un rêve d’enfant, celle qui allie sport et études pense à un après-foot sur un autre terrain. Celui des énergies renouvelables.

Réputé grande nation de football, le Mali a marqué et continue de marquer l’histoire du football en Afrique. Cela, grâce aux performances de son équipe nationale masculine ainsi qu’au talent de ses footballeurs dans les compétitions internationales. Vainqueur de plusieurs titres continentaux, le Mali fait partie des 10 meilleurs pays du continent et occupe le 47e rang mondial du dernier classement publié par l’instance suprême du football mondial, la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). De plus, la récompense individuelle la plus prestigieuse pour un footballeur Africain, à savoir le Ballon d’Or, a été remportée par le footballeur Malien Salif Kéïta. C’était en 1970.

Née en 1997 à Bamako, Aïssata a commencé à taper dans le ballon dès son jeune âge dans son quartier Sénou. Un amour pour le ballon rond qui n’était pas du goût de sa mère en raison de nombreux préjugés et des regards misogynes. Mais encouragé par son père, Aïssata a pu continuer son petit bonhomme de chemin

Si les plus belles pages de l’histoire sont, pour le moment, écrites par les footballeurs et l’équipe masculine, une nouvelle génération de footballeuses fait de son mieux pour pouvoir garnir l’armoire à trophées. Celle-ci est menée par Aïssata Traoré, une figure de proue de l’équipe nationale féminine.

Née en 1997 à Bamako, Aïssata a commencé à taper dans le ballon dès son jeune âge dans son quartier Sénou. Un amour pour le ballon rond qui n’était pas du goût de sa mère en raison de nombreux préjugés et des regards misogynes. Mais encouragé par son père, Aïssata a pu continuer son petit bonhomme de chemin. « Au début, ma mère n’approuvait pas l’idée et me grondait chaque fois. En revanche, mon père a été mon premier soutien. J’étais le petit garçon qui lui manquait. J’ai aimé le football grâce à lui. Il jouait avec moi tout le temps », a fait savoir celle qui a 5 petits frères au sein de sa fratrie.

Après ses premiers pas dans les rues avec les garçons, celle que l’on surnomme Neymar (du nom d’un footballeur Brésilien) va découvrir la Première Division malienne en 2014 dans les rangs des Super Lionnes d’Hamdallaye. C’est à partir de ce club qu’Aïssata sera convoquée pour la première fois en équipe nationale féminine du Mali. Pour sa première participation à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations (CAN), la « Super Lionne » sera désignée « Révélation » de la compétition à l’issue de la CAN 2018 disputée au Ghana.

Grande artisane du parcours historique du Mali à cette CAN 2018, la jeune « révélation » signera plus tard son premier contrat professionnel.

Au sortir d’une Coupe d’Afrique des Nations 2018 qui a vu le Mali occuper, pour la première fois, la 4e place africaine, Aïssata Traoré sera recrutée par le Besiktas Istanbul en 2019. Avec le club turc, elle marquera l’unique but de la finale pour remporter le titre de championne. Quelques mois plus tard, elle va rallier la France où En Avant Guingamp l’attendait avec un contrat de 3 saisons. Depuis octobre 2019, l’internationale Aigle Dame du Mali fait les beaux jours du club français. « Je suis fier d’Aïssata. Elle joue bien, en plus, elle est attentive et surtout respectueuse. J’espère qu’elle continuera sur cette lancée », a apprécié dans les colonnes de nos confrères de Ouest-France, Frédéric Biancalani, entraîneur de Guingamp après la signature de contrat de la Malienne. Satisfaits de la performance de la joueuse, les responsables d’En Avant Guingamp ont prolongé le contrat d’Aïssata jusqu’en 2024.

Née en 1997 à Bamako, Aïssata a commencé à taper dans le ballon dès son jeune âge dans son quartier Sénou. Un amour pour le ballon rond qui n’était pas du goût de sa mère en raison de nombreux préjugés et des regards misogynes. Mais encouragé par son père, Aïssata a pu continuer son petit bonhomme de chemin

Leader d’une nouvelle génération de footballeuses inspirantes, Aïssata Traoré avoue que le football a apporté beaucoup de changements dans sa vie. « La pratique du football m’a appris à mûrir et à être responsable », affirme-t-elle.  En outre, elle indique que le regard de la société malienne commence à changer vis-à-vis des footballeuses : « Au début c’était très compliqué. On nous traitait de tout jusqu’à nous surnommer des garçon-filles. Mais maintenant la société est en train de comprendre et elle aide les filles pour la réalisation de leur rêve ».

Agée de 26 ans, l’attaquante est en train de préparer son avenir post-footballeuse « Les études ont été toujours une priorité pour moi afin d’apporter ma pierre à la construction du pays. Déjà j’ai une licence en microbiologie et je continue d’étudier dans le domaine des énergies renouvelables », a révélé Aïssata qui rêve grand pour le Mali. « Mon objectif est de réaliser un parcours inoubliable avec l’équipe nationale du Mali. Après l’historique 4e place africaine décrochée à la CAN Ghana 2018, on met le cap sur les prochains Jeux Olympiques prévus à Paris en 2024. Ce qui sera également une grande première pour notre pays », a-t-elle fait savoir.

Pour l’atteinte de cet objectif, Aïssata et ses coéquipières de l’équipe nationale ont pleinement affiché leurs ambitions. Car à l’entame des éliminatoires pour les J.O de Paris, elles ont éliminé leurs homologues du Burkina Faso pour se qualifier au 2e tour des qualificatifs. En outre, elles disputeront le dernier tour éliminatoire de la Coupe d’Afrique des Nations 2024 contre la Guinée en fin d’année.

Alassane CISSOUMA