Burkina Faso : à la découverte du musée de la femme
Bâtiment flambant neuf, un cadre propre et agréable couvert par de nombreux arbres qui procurent de la fraicheur par leur ombre. C’est ainsi que se présente le musée de la femme situé à Kolgendiéssé, un village situé dans la commune de Ziniaré, à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou. Initiative de la princesse Juliette Kongo, ce musée renferme plus de 500 objets. En marge de la journée causerie-débat intitulée « retour à la source » organisée au profit de la population le 2 mars 2024, une visitée guidée du musée a été organisée.
Le musée est entouré par des arbres, principalement des neemiers. Le cadre est propre et très aéré. A l’entrée de ce cadre enchanteur se trouve à gauche, une statue, un gros coq blanc en position debout sur un casque de soldat le tout déposé sur trois pierres qui symbolisent des tombes. Le casque est percé au niveau du front par une balle. Une représentation qui rappelle le contexte sécuritaire du Burkina Faso. Elle a été arrosée par une calebasse d’eau, implorant ainsi la paix des ancêtres sur le pays.
Le musée possède deux portes d’entrée principales qui font face à une voie qui traverse le village. A l’une des deux portes, se trouve la statue d’une femme tenant une calebasse d’eau en main. Il s’agit de la représentation de Wemba Poko. Dans le royaume, c’est elle qui jouait le rôle de la médiatrice.
A l’intérieur du musée, à l’angle à droite, se trouve une jarre en terre cuite. Elle est couverte et au-dessus du couvercle on y voit une calebasse renversée. Cette jarre contient de l’eau pour la famille mais également pour les étrangers. « Quand vous arrivez dans une cour royale ou dans une famille moaga, on vous accueille d’abord avec l’eau », a expliqué Juliette Kongo.
Juste devant la jarre, on voit un panier contenant des ustensiles de cuisine : plats, spatules, assiettes en terre cuite, balais, ainsi qu’un morceau de pagne traditionnel. Le tout est attaché solidement par un filet. Cela constitue le nécessaire dont la jeune fille a besoin pour son foyer. « Dans la composition des éléments du panier il y a des condiments qui serviront à faire la cuisine pour le mari et la belle famille et ce, pendant une semaine », a fait savoir la guide Juliette Congo.
A côté du panier, il y a, dans une armoire vitrée, des pilons, des mortiers, des écuelles, des calebasses, des tabourets... Ces ustensiles servent à préparer et à servir le repas. A un pas de là, on aperçoit deux canaris superposés, celui d’en bas est plus grand et plus long que celui d’en haut. L’ensemble constitue un grenier meuble pour la reine mère. C’est aussi, selon la promotrice du musée, un lieu de conservation d’objets précieux pour la femme. A quelques jets de pierre de là, un pagne traditionnel frappe à l’œil. Il s’agit d’un porte bébé. Tissé à la main, il a été utilisé par la génitrice de la princesse Juliette Kongo pour la porter au dos. Beau souvenir !
Qui dit femme dit beauté. Ainsi au musée de la femme, c’est aussi des perles et des parures. On remarque la présence de deux chevillières juxtaposées. Autrefois, elles étaient portées par des reines. Elles leurs permettaient de marquer leur présence en un endroit précis. A côté de ces deux chevillières on voit deux bagues de femmes. Ces bagues étaient réservées uniquement aux épouses peulhs du roi.
De l’autre côté de la salle, on aperçoit une panoplie de bracelets. Magnifiques, ces bracelets étaient portés par des reines. Conçus et fabriqués par des forgerons, lesdits bracelets étaient destinés à toute femme qui accédait au statut de reine mère. En plus, il y a un pendentif constitué d’un collier en cuire et d’une bague en argent. C’est une parure également portée par des reines mères.
Créé en 2008, le musée de la femme se veut de préserver, de conserver et de promouvoir les valeurs culturelles matérielles et immatérielles de la femme moaga.
Masbé NDENGAR de Bodo